Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • "En regard" histoires de femmes

    "En regard"
    339651532.JPG
     

    Je ne peux faire abstraction de l’environnement culturel, social, moral, évènementiel qui m’entoure. En tant que femme et mère je porte en moi un héritage qui m’a été transmis par d’autres femmes. Ce patrimoine me convoque, me fait agir. En tant qu’artiste, il me donne la matière, le moteur.

    A travers ces portraits de femmes je livre ma réflexion sur ce qui nous a été donné ainsi que ce que nous avons oublié ou mis de coté pour parer au quotidien qui se trompe d’urgence. C’est aussi pour faire résonance au débat sur la mixité et la parité toujours d’actualité. Cet « état des lieux » n’engage que moi, en revanche la lutte, la vie, l’action ou l’engagement de femmes sont entrés dans un patrimoine féminin collectif. La liberté dont nous jouissons en résulte. A nous, devenus « passeurs » à notre tour, de continuer d’assurer sa pérennisation. Une plus grande reconnaissance de la complémentarité de nos différences aboutirait, à n’en pas douter, à un monde plus fermement conscient de lui-même.

    Prenant comme support l’histoire de femmes illustres ou inconnues, mon travail ne se situe pas dans un historique du féminisme. Il est autant de questionnements sur le fait de devoir revendiquer une place que sur la nature de cette place elle-même. Sur la toile, les mots, les silhouettes deviennent graphismes, gestes, couleurs traduisant une émotion : de paix, de sérénité, de révolte ou bien de colère.

    En 1791, Olympe de Gouge rédige la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ce qui lui vaut d’être guillotinée en 1793. Cette même année, la constitution exclut les femmes des droits politiques. Elles devront attendre 1944 pour voter, 1970 pour que l’autorité paternelle soit remplacée par l’autorité parentale. Au XIXème siècle, George Sand revendique avec force le droit d’être soi-même en toute circonstance. Louise Michel défend l’accès à l’instruction pour tous, en professant : « ni dieu, ni maître en connaissance de cause ». Lou Andréas-Salomé donnera l’exemple d’une grande liberté de pensée. Germaine Tillion, femme déportée à Ravensbrück , a mis au service du devoir de mémoire, une volonté et un courage surhumain... Taslima Nasreen témoigne, au péril de sa vie pour le droit d’être femme et d’aimer. Mère Thérésa se met au service des plus démunis dans un total « don de soi ». L’engagement n’est pas exclu de la poésie comme nous le montre Sapphô (Vème siècle av.J.C.). Les fragments qui nous restent de ses vers ont traversé les siècles et continuent de faire écho en nous. Un événement peut transformer une vie, voire bouleverser tout un paysage social et politique : c’est l’exemple de Rosa Parks. On trouve  aussi des femmes inconnues qui de part leur foi en la vie nous laissent des traces indélébiles pour le reste de la notre.

    Les couches de peinture que je superpose sur la toile suggèrent les strates de la vie. Les transparences révèlent les mémoires. Les lignes verticales symbolisent le lien continu entre nos origines et notre pensée. Les mots sont là, présents, en attente d’expiration : des mots pour dire, des mots pour transmettre… des mots en devenir.

    album photo "Histoires de femmes"

     

  • Gestes

    Je m'imprègne de textes afin que mon geste soit totalement guidé par le sens des mots.

    Dans le travail proposé ici, je suis partie d'aphorismes de Dominique Forget.

    Extraits de "Lampes de poche" de Dominique Forget

     

    medium_IMG_5248.JPG

    Maxime 1: Il n'y a pas d'entrée plus excitante dans la possibilité du bonheur qu'une joyeuse acceptation du grand Hasard.

    Maxime 2 : De toute question surgit toujours pour la pensée qui s’en saisit une formidable puissance de liberté.

    Maxime 3 : La belle idée de l’âme est bien souvent le masque derrière lequel nous dissimulons le dépit d’être né sans l’avoir voulu ainsi que l’humiliation et la rage d’être promis à une mort à tout instant plus proche.

    Maxime 4 : La métaphysique recèle certains abîmes que la grâce seule permet de survoler, non sans angoisse.

    Maxime 5 : Certains moments particuliers de bonheur s’obtiendront par un subtil et volatile mélange de lucidité et d’anesthésie.

    Pensée 1 : L’idée de la transcendance sera longtemps encore l’horizon spirituel et mobile d’une interminable et magnifique danse.

    Pensée 2 : Nous ne transmettrons vraiment qu’à partir de l’excès ou du défaut, de la faille de ce qui nous a été donné ou transmis.

    Pensée 3 : La transformation de la crainte en soulagement dégage toujours une importante quantité d’énergie psychique susceptible d’être immédiatement réinvestie en de nouvelles et surprenantes transformations.

    Pensée 4 : Pour s’échapper de n’importe quel nombre il faudrait en connaître la clef, le chiffre, tous ces chiffres qui garderont au bout du compte leur irremplaçable part de mystère.

    Pensée 5 : La transmission est une chose d’autant plus sérieuse qu’il y va de l’avenir du jeu et de tout ce qui nous préserve d’une très ancienne et toujours actuelle mélancolie.

    Pensée 6 : L’idée du rien est difficilement séparable de celle d’une déception ou d’un soulagement : déception consécutive à une attente pleine d’espoir ou bien soulagement d’être soudain libéré d’une crainte pleine d’angoisse.

    Pensée 7 : Nous n’aimons pas toujours ce qui nous libère, nous ne savons pas toujours ce qui nous attache, ce qui nous libère sans qu’on le sache est ce qui nous attache.

    Pensée 8 : Les points d’interrogation sont des serpents qu’il faut charmer autant par des arabesques du silence que par la musique des mots.

    Pensée 9 : Du néant lui-même nous ne pourrions décidément que craindre la fin de nos espoirs, qu’espérer la fin de nos craintes.

    Pensée 10 : Quand la tête s’échappe que ce soit les pieds qui la retiennent.

    ALLER VOIR L'ALBUM "Geste"

  • Livres

    agnès rainjonneau,michel lautru,poésie,illustration,livre,geste,encre

    Chardons bleus de Saïd Mohamed

    agnès rainjonneau,michel lautru,poésie,illustration,livre,geste,encre

     

    Lire la suite

  • Le chemin d'Iris

    566838117.jpg

    Un Homme derrière chaque fenêtre

    Vous ne me voyez pas et pourtant je vous parle.

    Devant vous une femme parle avec ses mains.

    Que dit-elle? Que fait-elle?

    Elle est mes gestes, je suis sa voix.

    Perseigne, immeubles, mouvement, rues, chantier,

    j’avance, rien ne me parle.....

    Je marche, j’avance, je lève la tête, une fenêtre décorée, puis deux et une troisième.....

    Les rideaux sont différents, un objet accroché m’attire l’œil. Puis un autre.

    Derrière ta fenêtre, tu me parles et pourtant je ne te vois pas.

    Comment aller à ta rencontre?

    Vous, vous ne me voyez toujours pas et pourtant je vous parle.

    Dis-moi qui tu es? Raconte-moi une histoire. D’où viens-tu? Où pars-tu?1991397656.jpg

    Qu’emmènerais-tu dans ta valise? Quel objet est important pour toi?

    L’objet fétiche, ton grigri, ton porte-bonheur?

    Aurais-tu envie de te présenter par cet objet?

    Vous ne me voyez toujours pas et pourtant je vous parle.

    Je marche dans les rues de Perseigne, je m’arrête, à mes pieds, un coquillage.

    Que fait-il là entre deux morceaux de bitume? oublié, tombé, portant en lui la mémoire d’un autre jour, d’un autre lieu. Je le mets dans ma poche.

    Sa spirale sur son dos fait naître en moi la spirale de mon chemin de pots. Il est là, le premier, la genèse.

    Vous ne me voyez toujours pas et pourtant je vous parle.

    1797630517.jpgSur le marché de Perseigne, dans la caravane d’Or, j’installe mon atelier. Atelier de grigris, atelier de rencontres, atelier de souvenirs. Certains viennent avec un objet. Ils m’en parlent, me le confient.

    D’autres arrivent, curieux, s’arrêtent, s’assoient, et prennent un objet mis à leur disposition dans les caisses de l’atelier. Cet objet ne leur appartient pas et pourtant, fait surgir de leur mémoire un souvenir, une tranche de leur propre vie.

    Tous ces objets deviennent grigris, graines précieuses semées un jour dans le terreau de mots que fut notre échange.

    Une vie derrière chaque fenêtre, une vie derrière chaque grigri, une vie participant à sa manière à la chaîne de l’humanité. Métissage, mouvements, langages ,différences...

    Je vous parle. Me voyez-vous un peu mieux maintenant ?

    Je suis le énième pot de cette humanité en marche.

    Le chacun est un maillon du tout. Si la chaîne se brise c’est l’univers entier qui s’en trouve déséquilibré.

    Agnès Rainjonneau, 7 mars 2008.

    Une vie derrière chaque fenêtre

    « Au départ, quand je me suis promené dans le quartier (de Perseigne), je me disais…mais ç’est une espèce de bloc impersonnel et puis voilà… Et puis, au fur et à mesure que j’avançais, je voyais les fenêtres décorées différemment. Et plus j’avançais vers ces immeubles, plus je voyais de gens derrière tous ces immeubles. Là,

    la première chose que j’ai vue, c’était des objets ou des rideaux. Voilà. C’est comme ça que j’ai commencé par réfléchir sur l’objet. Ensuite, comment aborder l’objet avec les gens que j’allais rencontrer ? Peut-être par rapport à une intimité, ou quelque chose qui leur était cher, ou peut-être un souvenir, ou d’où ils venaient… »

    823274440.jpgVous l'avez compris. Ce qui sous-tend le travail d'Agnès Rainjonneau, c'est d'abord un regard attentif. Attentif à l'autre. Un regard posé sur des traces infimes d'humanité; sur ce qui se laisse difficilement deviner, mais qui ne demande qu'à l'être.

    C’est parole accordée et oreille prêtée aux dires de la population d’un quartier isolé de la ville. Il se veut une main tendue, un pont lancé entre des hommes, des femmes, des enfants de différents milieux ou horizons, de différents quartiers, de différentes cultures ou communautés.

    C’est une volonté d’approfondir, d’élargir et de nourrir un peu plus ce sillon d’humanité dans lequel nous sommes tous engagés.

    Une volonté de tisser des liens, d’aller vers les gens autant que de les faire venir à soi et de leur offrir la possibilité de se dire. De pouvoir ensuite prolonger leur histoire en s’associant à la création d’une œuvre plastique qui traduit leur parole. La prolonge. La transmue. Une œuvre porteuse de symboles, de poésie, d’histoire personnelles ou collectives, de mémoires. D’un peu ou de beaucoup de soi.

    Ici, l’œuvre a pris la forme de grigris. Regardez. Elle est là, l’Humanité en marche, dans ces pots qui jalonnent la spirale au sol. En chaque pot, une personne. Élément unique. Pour chaque personne, un Grigri, investi d’une histoire. En chaque personne, une double dimension. Verticale, organique, ancrée au sol matriciel. Horizontale aussi. Nous, humains, debout, reliés les uns aux autres et unis dans cette vision. “La terre a besoin de tout son sang” écrivait Teilhard.

    C’est grâce à la Caravane d’Or, conçue et installée en 2001 au cœur du quartier de Perseigne à l’initiative du centre socio-culturel Paul Gauguin, grâce à la richesse des rencontres et des échanges qu’elle a permis entre les habitants du quartier de Perseigne et des artistes, aux sensibilités qui s’y sont révélées, que ce travail a pu voir le jour.

    Vous le voyez. C’est à la source même de la parole des Alençonnais que l’œuvre d’Agnès Rainjonneau qui vous est présentée dans cette exposition a pris forme. Elles est inspirée et nourrie de ce souffle.

    François-Xavier Roland-Gosselin

     

    1280285100.jpg

     

     

     

    podcastpodcast

    Extraits  de la création  sonore et musicale réalisée pour l'oeuvre d'Agnès Rainjonneau par Arnaud Coutancier

     

     

    701592049.jpg