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michel froger

  • Le chemin d'Iris

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    Un Homme derrière chaque fenêtre

    Vous ne me voyez pas et pourtant je vous parle.

    Devant vous une femme parle avec ses mains.

    Que dit-elle? Que fait-elle?

    Elle est mes gestes, je suis sa voix.

    Perseigne, immeubles, mouvement, rues, chantier,

    j’avance, rien ne me parle.....

    Je marche, j’avance, je lève la tête, une fenêtre décorée, puis deux et une troisième.....

    Les rideaux sont différents, un objet accroché m’attire l’œil. Puis un autre.

    Derrière ta fenêtre, tu me parles et pourtant je ne te vois pas.

    Comment aller à ta rencontre?

    Vous, vous ne me voyez toujours pas et pourtant je vous parle.

    Dis-moi qui tu es? Raconte-moi une histoire. D’où viens-tu? Où pars-tu?1991397656.jpg

    Qu’emmènerais-tu dans ta valise? Quel objet est important pour toi?

    L’objet fétiche, ton grigri, ton porte-bonheur?

    Aurais-tu envie de te présenter par cet objet?

    Vous ne me voyez toujours pas et pourtant je vous parle.

    Je marche dans les rues de Perseigne, je m’arrête, à mes pieds, un coquillage.

    Que fait-il là entre deux morceaux de bitume? oublié, tombé, portant en lui la mémoire d’un autre jour, d’un autre lieu. Je le mets dans ma poche.

    Sa spirale sur son dos fait naître en moi la spirale de mon chemin de pots. Il est là, le premier, la genèse.

    Vous ne me voyez toujours pas et pourtant je vous parle.

    1797630517.jpgSur le marché de Perseigne, dans la caravane d’Or, j’installe mon atelier. Atelier de grigris, atelier de rencontres, atelier de souvenirs. Certains viennent avec un objet. Ils m’en parlent, me le confient.

    D’autres arrivent, curieux, s’arrêtent, s’assoient, et prennent un objet mis à leur disposition dans les caisses de l’atelier. Cet objet ne leur appartient pas et pourtant, fait surgir de leur mémoire un souvenir, une tranche de leur propre vie.

    Tous ces objets deviennent grigris, graines précieuses semées un jour dans le terreau de mots que fut notre échange.

    Une vie derrière chaque fenêtre, une vie derrière chaque grigri, une vie participant à sa manière à la chaîne de l’humanité. Métissage, mouvements, langages ,différences...

    Je vous parle. Me voyez-vous un peu mieux maintenant ?

    Je suis le énième pot de cette humanité en marche.

    Le chacun est un maillon du tout. Si la chaîne se brise c’est l’univers entier qui s’en trouve déséquilibré.

    Agnès Rainjonneau, 7 mars 2008.

    Une vie derrière chaque fenêtre

    « Au départ, quand je me suis promené dans le quartier (de Perseigne), je me disais…mais ç’est une espèce de bloc impersonnel et puis voilà… Et puis, au fur et à mesure que j’avançais, je voyais les fenêtres décorées différemment. Et plus j’avançais vers ces immeubles, plus je voyais de gens derrière tous ces immeubles. Là,

    la première chose que j’ai vue, c’était des objets ou des rideaux. Voilà. C’est comme ça que j’ai commencé par réfléchir sur l’objet. Ensuite, comment aborder l’objet avec les gens que j’allais rencontrer ? Peut-être par rapport à une intimité, ou quelque chose qui leur était cher, ou peut-être un souvenir, ou d’où ils venaient… »

    823274440.jpgVous l'avez compris. Ce qui sous-tend le travail d'Agnès Rainjonneau, c'est d'abord un regard attentif. Attentif à l'autre. Un regard posé sur des traces infimes d'humanité; sur ce qui se laisse difficilement deviner, mais qui ne demande qu'à l'être.

    C’est parole accordée et oreille prêtée aux dires de la population d’un quartier isolé de la ville. Il se veut une main tendue, un pont lancé entre des hommes, des femmes, des enfants de différents milieux ou horizons, de différents quartiers, de différentes cultures ou communautés.

    C’est une volonté d’approfondir, d’élargir et de nourrir un peu plus ce sillon d’humanité dans lequel nous sommes tous engagés.

    Une volonté de tisser des liens, d’aller vers les gens autant que de les faire venir à soi et de leur offrir la possibilité de se dire. De pouvoir ensuite prolonger leur histoire en s’associant à la création d’une œuvre plastique qui traduit leur parole. La prolonge. La transmue. Une œuvre porteuse de symboles, de poésie, d’histoire personnelles ou collectives, de mémoires. D’un peu ou de beaucoup de soi.

    Ici, l’œuvre a pris la forme de grigris. Regardez. Elle est là, l’Humanité en marche, dans ces pots qui jalonnent la spirale au sol. En chaque pot, une personne. Élément unique. Pour chaque personne, un Grigri, investi d’une histoire. En chaque personne, une double dimension. Verticale, organique, ancrée au sol matriciel. Horizontale aussi. Nous, humains, debout, reliés les uns aux autres et unis dans cette vision. “La terre a besoin de tout son sang” écrivait Teilhard.

    C’est grâce à la Caravane d’Or, conçue et installée en 2001 au cœur du quartier de Perseigne à l’initiative du centre socio-culturel Paul Gauguin, grâce à la richesse des rencontres et des échanges qu’elle a permis entre les habitants du quartier de Perseigne et des artistes, aux sensibilités qui s’y sont révélées, que ce travail a pu voir le jour.

    Vous le voyez. C’est à la source même de la parole des Alençonnais que l’œuvre d’Agnès Rainjonneau qui vous est présentée dans cette exposition a pris forme. Elles est inspirée et nourrie de ce souffle.

    François-Xavier Roland-Gosselin

     

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    Extraits  de la création  sonore et musicale réalisée pour l'oeuvre d'Agnès Rainjonneau par Arnaud Coutancier

     

     

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