Transhumances
Notre corps a ses propres outils pour faire du lien, être à l'éveil du monde qui nous entoure: l'oreille, la bouche, le nez, l'œil, la main, le pied...
Les données captées par ces outils sont transmises puis analysées pour repartir vers le monde extérieur et seront à nouveau captées, analysées, digérées pour aller vers de nouveaux capteurs.
Ce cheminement, déplacement d'informations est le propre du « lien ».
Nous sommes Acteur/Récepteur.
Chacun participe à ce monumental réseau d'informations que constitue l'Humanité. De culture orale ou écrite, tous, nous avons ces mêmes outils en nous. Le vecteur est le mot. Ce mot peut trahir si nous n'avons pas conscience de sa portée.
« Traiter doucement les mots... »:
Premier vers d'une poésie de Saïd Mohamed, tiré du recueil « Souffles ».
Sans concession, conscient de l'impact du mot, cet auteur révèle en nous nos faiblesses et nos atouts.
En amont de cette installation, vous, public, vous avez été acteur/récepteur. Vous avez pris au hasard une poésie de Saïd Mohamed, puis en avez extrait les mots, les phrases, qui résonnaient en vous. Ensuite, vous avez écrit sur cette page trois mots en réponse à trois questions que je vous posais: « si vous étiez un mot, une couleur, un objet, lesquels seriez-vous? »
Vous avez réalisé ce que j'appelle: « une carte d'identité émotionnelle ».
Cette carte, je l'ai prise en photo, ainsi qu' une partie de votre corps .
Puis ce fut à mon tour de devenir acteur/récepteur. Toutes ces informations, je les ai captées, me les suis appropriées pour enfin les restituer sous la forme que je vous propose aujourd'hui...
Que vous allez à nouveau capter....
Les grigris accrochés dans la coursive sont la trace de notre rencontre. Ils sont là, sous la forme d'objets froissés, pliés, traces d'une mémoire, d'un souvenir.
Tout comme le double chemin de grigris d'objets, traces de vie, d'histoires racontées, mis en mots puis transformés en amulette, chaque objet ou carte est une infime partie d'Humanité.
Cette Humanité, c'est nous et qui, sans nous, ne serait pas!
Le travail sonore d'Arnaud Coutancier tisse, met en liens toutes ces rencontres dans la caravane d'Or sur le marché de Perseigne, et au théâtre d'Alençon. Quatre montages accompagnent l'installation.
Dans la coursive, Arnaud a privilégié la poésie de Saïd Mohamed dite par l'auteur, ainsi que les textes réalisés par Arnaud et moi-même à partir des cartes de chacun. Dans l'alcôve , trois points d'écoute pour trois univers différents: le premier est le travail d'Arnaud autour des grigris, le deuxième prend sa source dans l'univers magique et sans barrières de l'enfance, et pour le troisième, cet univers sonore traduirait-il les réponses de chacun à: « qui sommes-nous, d'où venons-nous? »